Emna SELLAMI
Née en 1988, Emna Sellami est une artiste contemporaine dont la passion pour l’art s’est révélée dès l’enfance, nourrie par un environnement familial profondément attaché à la création. Après plusieurs années d’études aux Beaux-Arts en Tunisie, elle s’installe en France où elle obtient un master en esthétique et histoire de l’art contemporain à l’Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis. Elle poursuit ensuite des recherches doctorales à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, autour de la réception de l’image humaine.
Aujourd’hui, Emna choisit de transformer ses connaissances esthétiques et philosophiques en un langage pictural sensible et poétique. Ses peintures abstraites, portées par des courbes voluptueuses et des couleurs transparentes, visent à créer un impact émotionnel profond sur le spectateur.
Artiste multidisciplinaire, elle explore des supports variés – papier, bois, plexiglas – à travers des techniques expérimentales comme l’encre à l’alcool et l’acrylique. Son univers s’inspire de la nature, de l’espace et de la géométrie.
Au cœur de son travail, le cercle occupe une place centrale. Symbole d’harmonie et de perfection, il évoque l’infini par son absence de commencement et de fin. Tel un oculus, il devient une ouverture qui invite le regard à voyager vers un monde où formes et couleurs s’entrelacent avec fluidité.
TEXTE CRITIQUE PAR JEAN-PHILIPPE DOMECQ
Le Beau serait-il à nouveau permis ?…
La question peut surprendre. Longtemps, des siècles, le Beau fut le critère, philosophique ou spontané ; puis il fut mal vu, tout un siècle, très mal vu du vingtième siècle au début du vingt-et-unième de dire « c’est beau » devant une oeuvre, et plus encore d’essayer d’argumenter. Supplantée par la nouveauté, la beauté a été frappée d’obsolescence, au motif, certes avéré, qu’elle était tirée en arrière par le conservatisme académique.
Pour autant, avait-elle disparu ? Dans le vocabulaire autorisé, sinon dans le réel, les esprits et les sens… et les oeuvres. Celle d’Emna Sellami nous met devant la beauté, devant, inévitablement. C’est ce qu’il faut essayer d’assimiler, non pas pour en tirer théorie, mais pour voir plus encore, par des mots qui certes ne peuvent, au mieux, qu’approcher l’intelligence plastique qui par essence les fuit parce qu’elle porte ailleurs ; mais du moins peuvent-ils écarter les préjugés intellectuels qui empêchent d’accueillir en nous ce qu’une oeuvre nous met sous les yeux. Voir vraiment, en fait.
Emna Sellami connaît cette histoire de ce par quoi et en dessous de quoi est passée la beauté.
Elle la connaît par la sensibilité et la pratique, mais aussi par la pensée, la recherche. D’emblée sensibilisée à l’art par le goût qu’en a sa famille, cette artiste a eu le désir d’affiner ses connaissances ; elle a prolongé ses études à l’École des beaux-arts en Tunisie, puis à l’Université Paris 8 de Vincennes-Saint Denis où elle a obtenu un master en histoire de l’art contemporain, dont elle sait par conséquent les ressorts et les ruptures revendiquées au nom du rimbaldien « il faut être absolument moderne ».
Après quoi, elle a tenu à mener une recherche doctorale à Paris 1 Panthéon-Sorbonne autour de la réception de l’image. C’est dire dans quel état de l’esprit collectif et personnel elle est revenue à la pratique artistique, pour y chercher et trouver ses façons de faire, que nous voyons à présent.
L’histoire du regard qu’elle a étudiée l’a amenée à chercher ses techniques en ouvrant large le prisme multidisciplinaire, par une démarche expérimentale qui lui fait adopter : pour supports le papier, le bois, et de plus en plus le verre acrylique, pour médium l’acrylique sur papier, et surtout l’encre diluée à l’alcool.
Ces moyens favorisent les couleurs transparentes. Plus ou moins diluées, plus ou moins enduites, elles étagent et combinent les plans avec la subtile efficacité des nuances ; le regard est sollicité en profondeurs verticale et latérale, ce qui explique l’effet de saisissement qu’on éprouve, puis d’auscultation qui hypnotise notre regard.
Quant au format, à côté des rectangles et carrés, elle a fini par privilégier le cercle qui offre simplement la géométrie de l’oeil, du regard, ainsi que la symétrie constante puisque sans orientation prédéterminée par une quelconque perspective de cadre. Résultats… ?
Résultats : c’est la nature autant que la peinture, autant que le cosmos, autant que la circulation des fluides, en nous comme hors de nous.
L’oeil palpite en découvrant l’ensemble qui l’attire par les courants d’encres colorées, éclairées par la transparence du verre acrylique.
Emna peut toujours y mettre des titres évoquant émotions, portions du monde, moments sensibles : « Emotion », « Terre dorée », « Dès l’aube », « Romantique » même, « La lumière du noir », ou « La chaleur du bleu » pour un de ses plus beaux rectangles peints sur la lisse matière du vinyle.
Ce n’est chaque fois qu’une suggestion, une entrée dans la surface… oui, tenez : une entrée dans la surface, telle est une des paradoxales expressions qui peuvent rendre compte de l’appel spatial de ces oeuvres.
Car leur fluidité d’abord fait parcourir le cercle, 80 cm de diamètre le plus souvent pour que la distance du regard l’appréhende au mieux. Il donne l’impression d’éléments naturels explorés en eux-mêmes et, de là, ondes colorées circulant, ils se creusent comme au ciel entre des nuages — et, de là encore, se creusent vers des constellations cosmiques. Ce n’est plus l’abstraction microscopique mais macrocosmique, pour ainsi dire ou essayer de dire l’aspiration.
On pénètre par aspiration dans ces orbes fluides. Je répète « aspiration », comme un des effets définissant la beauté.
Dans le cercle intitulé « La lumière du noir », les encres s’ourlent en pétales jamais vues en ce monde, en viscères végétales dont les couleurs mordorées luisent de l’intérieur.
Quelle leçon d’anatomie !… En même temps leçon d’astronomie, d’espace ascensionnel puisqu’une trouée discrète diffuse un bleuté d’autre côté des apparences. Et au-dessus à gauche, des volutes de silice sont à concevoir comme on les voit là, si elles furent jamais imaginées.
Le murmure de beauté nous échappe, je défie qu’il n’échappe pas.
Et puis autre oeuvre récente particulièrement attirante : un format en cercle, à épaisseur de noir amplement imposé, avec gamme de roses saumonés, liserés de filaments de clarté.
La courbe produit effet miroir en faisant de nous le tain qui permet de voir au-delà.
Car le noir, répandant ses irisations opaques (encore une contradiction verbale, que la peinture, elle, présente sans contradiction, en toute continuité), est devant nous ouvert, nous figeant, absorbant, effet de la beauté qui rend le regard insatiable d’elle.
Emna Sellami va poursuivre ; elle passe à des formats horizontaux « over all » dirons-nous, plus vastes que l’espace, grâce à l’espace qu’elle peint.
La main et l’esprit se sentent assez sûrs pour déployer une amplitude où le vaste naît du profond, détaillé fin, et ainsi toujours plus amplement au coeur et autour du faisceau de notre regard.
EXPOSITIONS
Exposition Chez Cosentino Paris avril 2023
Exposition chez Black Swan REC février 2024
Exposition à l’ancienne mairie de Sceaux mars 2024
Exposition à l’espace culturel à Fontenay aux roses septembre 2024
Exposition à la mairie du 15ème novembre 2024
Exposition personnelle à l’hotel Canopy by Hilton Paris février 2025
Exposition à la mairie de Sceaux avril 2025
Exposition à l’espace culturel à Fontenay aux roses septembre 2025
Exposition au salon de l’automne octobre 2025
Exposition à la mairie du 15ème novembre 2025
Exposition à la mairie du 8ème avec les 111 des arts novembre 2025
Exposition avec l’art à Fontenay à la médiathèque de Fontenay aux roses décembre 2025
Projets
Collection privé à The Metcalf ST James London 2025.
- Or lunaire, technique mixte sur verre acrylique, 150 x 150 cm
- Terre dorée, technique mixte sur verre acrylique, 150 x 80 cm



